Tapisserie minérale




accrochage : Növi Jacquet
prise de vue de l’installation pendant les portes ouvertes des Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille, atelier de Mégane Brauer
Paréidolie 2023 Salon International du Dessin, Marseille


série de tapisseries murales inspirées des motifs minéraux


Refuges en temps de suspense, ces peintures tapissées sont des laineuses éloges aux repères terrestres.



Charoïte

2023
laine de mouton
235 x 142 cm


︎ mindat.org

La charoïte est un minéral unique appelé "le miracle lilas de Sibérie" et est considérée comme la principale découverte minéralogique de la seconde moitié du XXe siècle (découverte en 1949). Le nom provient de la rivière Chara, située près de la frontière sud du complexe de Murun. Une hypothèse non officielle suggère le mot russe "charovat" (charmer) comme origine possible du nom. Elle n'a été trouvée qu'à un seul endroit, dans la large auréole de contact du massif de syénite de Malyy Murun du Crétacé précoce, dans le nord-ouest du bouclier d'Aldan du craton sibérien.



Le dos est recouvert d’un épais tissu en coton. Certains endroits laissent la toile de tufting nue apparaître.


Phyllite

2023
laine de mouton
230 x 100 cm



Les phyllites sont des roches métamorphiques à grain fin qui proviennent de la recristallisation de roches sédimentaires riches en minéraux argileux telles que les mudstones, les argiles, etc. Les phyllites se caractérisent par un degré élevé de fissilité, c'est-à-dire la capacité de se briser en feuilles ou couches minces selon des plans préférentiels sub-parallèles.

modèle: Giulia Longoni





Détails

Sillimanite

2022
laine de mouton, fil de soie
160 x 152 cm

︎ mindat.org




Détails de relief. Les bordures sont renforcés avec du fil de soie doré.


Biotite

2021
laine de mouton
160 x 100 cm


︎ mindat.org




Détails en relief



Le miel est un liquide extrêmement lent et très très précis dans son positionnement : pouvant envelopper et remplir son réceptacle plus parfaitement que l’eau. Le miel renversé, celui qui sort de son contenant ne cessera jamais de bouger, étant fatalement et infiniment attiré par la planète Terre dont le noyaux même reste (encore) inconnu.
Je suis à chaque fois à nouveau émerveillé·e de redécouvrir les plis et les ondulations de l’asphalte qui s’écartent sous le passage quotidien des véhicules lourds. L’histoire de l’humanité telle qu’on la connaît n’est qu’un fragment de seconde dans celle de l’existence.

Les roches paraissent figées depuis notre échelle de perception humaine, alors qu’en les observant longuement, on constate leur mouvement, métamorphose et fusion perpétuelle, au contacte d’une et l’autre. Est-il possible que le temps passe plus lentement pour elles?

Cette question nous amène à la nature même du temps, et non accessoirement, à celle de l’espace. Serait-on actuellement au pied d’un grand changement de paradigme en ce qui concerne l’axiome de la maille de l’espace-temps, ou bien de notre inter-connectivité au-delà de l’espace-temps? Il ne s’agit pas tellement d’une théorisation de la télépathie mais plutôt, et très concrètement d’un nomadisme. Une mobilité d’échelle qui dévoile la qualité éphémère et relative de notre milieu spatio-temporel.

Des phénomènes, que l’on croyait appartenir (du moins chez l’humain) uniquement à des traditions spirituelles ou yogiques, sont démontrés dans des laboratoires de physique quantique depuis quelques décennies. Même si ces scientifiques ne peuvent pas expliquer précisément pourquoi ni comment les photons sujettes à leurs recherches fonctionnent ainsi, les résultats parlent pour eux-mêmes.
Les trois dimensions de l’espace, et celui du temps, sont bien relatives et, passée une certaine échelle macroscopique, les calculs qu’on utilisait pour décrire la nature de la maille deviennent obsolètes.

En 2022 trois physiciens ont reçu le prix Nobel pour avoir réussi à démontrer le phénomène pour lequel différentes particules éloignées l’une et l’autre peuvent communiquer entre elles. Face aux limites désormais évidentes de notre perception humaine, ces découvertes conduisent à l’humilité même des plus cartésien·nes entre nous. On constate ainsi une différence très importante entre le vécu humain, et celui qui est propre aux êtres qui habitent les échelles au-delà des macroscopiques.

La compréhension unique de ce qu’on croit être la réalité de chacun·e, se construit par nos propres cinq (+-) sens. Si nos sens empiriques se modifiaient, si on développait des nouveaux organes, plus sensibles à ce qui est encore inconnu à notre réalité, on apprendrait à se surprendre tous les jours. Il s’agit d’une subjectivité inéluctable, propre à chaque espèce, sujet et échelle.

Afin de freiner le réchauffement climatique, deux solutions rapides se proposent à nous: réduire la taille moyenne du corps humain ou réparer son impact sur l’équilibre minéral des premiers centimètres du sol.
C’est cette intrigue de nomadisme d’échelle qui m’a conduit·e à développer ce projet, qui s’inpire des images microscopiques des minéraux en tapisserie.

Projet de recherche et de création réalisé avec le soutien de la DRAC de la Région Sud